jeudi 23 janvier 2014

Ca monte encore. Guy de Halleux


Il y a 4 jours, j'ai publié un post concernant une fuite d'eau hautement contaminée au réacteur N°3. Hier, nous apprenons qu'à proximité du réacteur N°2, la contamination de l'eau explose en passant de 2,7 milliards de becquerels par m² à 3,1 milliards en seulement 4 jours! En moins de deux mois, du 25 novembre 2013 au 20 janvier 2014, elle a été multipliée par 3,4! La situation à la centrale semble devenir critique et la question de la présence humaine sur le site risque de se poser plus rapidement que je ne le supposais...

On est cuits? Un article inquiétant, si ce mot a encore un sens..

http://concienciaradio.com/fukushima/shimatsu_nuke_explosion_possible_at_fukushima.html

mercredi 22 mai 2013

Guy de Halleux, sur Fukushima

Le point de non retour



22/05/2013 à 12h49

Fukushima : « Notre vie, désormais, c’est de creuser notre tombe » Cécile Asanuma-Brice Riveraine Thierry Ribault  Economiste au CNRS

Okuma est évacuée. Comme les 65 000 habitants des huit autres communes situées à moins de vingt kilomètres de la centrale. Thierry Ribault l’un des auteurs du livre « Les Sanctuaires de l’abîme - Chronique du désastre de Fukushima » est chercheur au CNRS en poste à la Maison franco-japonaise de Tokyo, où Cécile Asanuma-Brice est chercheur associé.

Dans le cadre des enquêtes qu’ils mènent à Fukushima depuis deux ans, ils ont recueilli le témoignage d’anciens voisins de la centrale, évacués loin de chez eux. Accueillis en premier lieu dans des gymnases et des abris de fortune – ces réfugiés ayant été, pour nombre d’entre eux, contaminés –, ils sont ensuite relogés dans des logements dits « provisoires  ». Et puis le provisoire est devenu durable. Aujourd’hui, après leur avoir versé une indemnité forfaitaire, les autorités départementales exigent des réfugiés qu’ils remboursement les sommes versées, afin de les redistribuer sous forme d’allocations mensuelles pour une période non définie.

Et parce qu’il faut bien susciter la reprise économique de la région, ils ont aussi décidé de rouvrir la zone de vingt kilomètres évacuée après l’accident. Selon le nouveau découpage, en place dès le 28 mai, il n’y aura donc plus la zone interdite  qui regroupe les villages situés à moins de dix kilomètres de la centrale où on ne se rend que de temps en temps avec combinaisons et masques et le reste de la zone évacuée mais la « zone de retour indéterminé » dans laquelle les allers-retours en journée sont autorisés sur de courtes périodes et contrôlées où la contamination est supérieure à 50 millisieverts/ an sans aucun espoir de retrouver le seuil de radioactivité de 20 millisieverts/an –vingt fois supérieur au seuil d’inadmissibilité recommandé par la Commission internationale de protection radiologique ! mais autorisant au Japon le « retour à la vie normale ».. et la « zone de préparation à l’annulation de la directive d’évacuation » où un « retour à la normale dans les deux ans est prévu ». Les réfugiés pourront y vaquer à leurs activités professionnelles et y effectuer librement des allers-retours. Puis, lorsque le taux de radioactivité situé entre 20 et 50 millisieverts/ an sera ramené à moins de 20 millisieverts par an, y résider sans contrainte.

Repeupler pour relancer l’économie

Dans le nouveau découpage, la zone interdite et dangereuse est beaucoup plus petite que dans l’ancien. Une façon comme une autre de donner un sentiment d’apaisement et de liberté de mouvement retrouvée, en repeuplant les alentours de la centrale de Fukushima Daïchi, employeur prometteur. Mais quand les autorités ont annoncé à monsieur et madame Kowata et aux autres réfugiés d’Okuma qu’ils pourraient bientôt aller et venir comme avant dans leur ville, ils se sont fâchés et ont intenté un procès au maire d’Okuma, située à cinq kilomètres de la centrale qui, au vu des taux de contamination constatés, doit faire partie de la « zone de retour indéterminé », et pas de celle où chacun peut vaquer à ses occupations comme si de rien n’était. Ils ont eu gain de cause, et faute d’autre chose, vivent toujours dans un des lotissements « provisoires » situé à Aizu Wakamatsu, à une centaine de kilomètres de la centrale nucléaire en compagnie d’autres personnes âgées pour la plupart de plus de 70 ans.

« Nous n’y arrivons pas »

« Cela fait deux ans que nous vivons ici. Chaque jour, nous nous demandons comment nous allons faire. Nous avions des projets pour nous en sortir, mais rien n’a pu aboutir. »
Une artère du lotissement provisoire d’Aizu Wakamatsu (Thierry Ribault)
« Nous ne pouvons pas reconstruire. Ceux d’entre nous qui pouvaient encore travailler n’ont plus de travail. Avant, nous cultivions nos champs et mangions notre riz. Désormais, nous devons tout acheter. Notre vie est devenue beaucoup plus onéreuse. Si le problème de l’indemnisation n’est pas réglé rapidement, comment allons-nous nous sortir de cette situation ? Sans argent, comment faire avec les jeunes enfants, pour ceux qui en ont ? Avec 100 000 yens [750 euros] par mois et par personne nous arrivons tout juste à manger. Pourtant on nous insulte pour ça alors qu’avec il nous faut payer l’électricité, l’eau et le reste. Nous n’y arrivons pas. Nous sommes des “ victimes ”, perçues en tant que “ réfugiés ” et par conséquent, rejetés. Afin de ne pas subir de discrimination, nous sommes obligés de faire changer les numéros sur les plaques d’immatriculation de nos véhicules. »

« Même les corbeaux sont partis »

« Quand nous revenons chez nous à Okuma, nous retrouvons une réalité qui nous semble de plus en plus éloignée de nous. Bien que ce soit notre maison, nous avons l’impression de rentrer chez quelqu’un d’autre. Les voleurs pénètrent dans les maisons. A l’intérieur, ils mangent, sortent les futons et dorment. Ils sont chez eux. Ils renversent les autels des défunts. Sans doute cherchent-ils de l’argent. On retrouve leurs traces de pas au sol. »
Monsieur et madame Kowata, nettoient leur maison à Okuma, avec masques et combinaisons (Thierry Ribault)
« L’autre jour, un groupe de quatre ou cinq personnes vidaient l’essence des véhicules. Ils cassent les voitures et tout ce qu’il y a dedans. Ils volent les télévisions. Nos maisons sont envahies par les mauvaises herbes. Les rats et les souris courent partout. Les civettes dévorent tout. Il y a des sangliers. Les hirondelles, les moineaux et les corbeaux ont disparu parce que les poubelles des habitants ne les nourrissent plus. Les saumons, dans les rivières, ont le ventre en l’air. »

« Les chiens savent »

« Si l’administration n’avance pas plus rapidement dans la reconstruction de logements, nous ne pourrons jamais sortir de là où nous sommes. C’est comme avec la décontamination. Le département devrait nous demander ce que nous souhaitons, sinon ils feront n’importe quoi. Ils veulent nous confiner dans des logements collectifs de cinq étages ! »
Scène de vie dans un lotissement de logements « provisoires » (Thierry Ribault)
« C’était le même problème après le tremblement de terre de Kobe. Les gens ont été relogés dans des cages à lapins de cinq ou six étages et se sont sentis si seuls que beaucoup en sont morts. Nous sommes allés visiter des logements publics dans lesquels il est interdit d’avoir des animaux domestiques. Au moins dans les logements provisoires, nous pouvons avoir des chiens et des chats. J’ai laissé, pour ma part, nos deux chiens chez nous, à Okuma. L’un d’entre eux est mort. Il ne restait plus que sa tête. Lorsque j’y suis retournée récemment, j’ai emmené mon chien qui était encore en vie pour une promenade, et soudain, il s’est arrêté et a poussé un long soupir. J’ai songé que, depuis que je suis née, c’était la première fois que j’entendais un chien soupirer. Les chiens savent. Ce sont eux qui savent le plus. Quand on en est réduit à les abandonner, c’est un comble. Le mien, quand je le mets dans la voiture, il est heureux. Il est jeune, mais il est malade. Il perd du sang. Le vétérinaire nous a dit qu’il avait été très contaminé. »

« Notre génération ne retournera pas à Okuma »

« Nous nous étions réunis pour demander aux autorités de pouvoir accéder à la zone interdite car nous voulions pouvoir entretenir et nettoyer nos maisons. Mais, en réalité, nous ne pouvons pas rentrer chez nous. La radioactivité est tellement élevée que personne ne peut y vivre. »
Mme Kowata (Thierry Ribault)
« Là où j’habite, elle s’est fortement accrue en deux ans. Autour des fenêtres, en quelques mois, le taux est passé de 100 à 200 microsieverts par heure, pour atteindre 300 microsieverts en mars dernier. Devant la maison, le taux a chuté à 7 microsieverts et, derrière, il est remonté à 20 microsieverts. Quant à la montagne, elle est toujours très contaminée. Notre génération ne retournera pas à Okuma. Nos petits-enfants, qui ont été dispersés, ne se souviennent de rien : ils ont oublié leur maison. Quand les responsables prendront-ils enfin des décisions utiles ? Sans compter qu’ils vont relâcher les eaux contaminées dans les sous-sols. Nous ne pouvons pas retourner dans un endroit pareil, c’est impossible. On nous dit que l’on pourra rentrer, mais même dans 50 ans, personne ne le pourra. C’est bien pire qu’à Tchernobyl. Et si on nous laissait là, sans jamais nous apporter de solution ? Comment allons-nous finir ? Notre vie, désormais, c’est de creuser notre tombe. »

lundi 18 mars 2013

L’inimaginable est probable, les guignols de la "science"

Le Canard Enchaîné – 13/03/2013 – J.-L. P.
  Mais au cas où... on ne sait jamais
  A Fukushima, tandis que 2 ans après, on compte 160 000 réfugiés, que 3 000 ouvriers en équipes tournantes à cause de la très haute radioactivité ambiante travaillent sur le site, désormais au cœur d’une zone interdite de 20 km de rayon, -trop court-, qu’ils continuent de refroidir en permanence les quatre réacteurs sinistrés, que des hommes sont en train d’édifier un très complexe jeu de Lego en béton pour sécuriser la piscine du réacteur 4 juchée à 30 mètres au fond de laquelle reposent 1 535 barres de combustible, que les experts avouent qu’il faudra au moins 40 ans pour sécuriser le tout et que seuls 2 réacteurs sur 50 fonctionnent actuellement au Japon…
.. en France, on essaie de tirer les leçons; la principale, c’est qu’il serait mieux de se préparer à un Fukushima bis ! En février l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire a évalué sa facture à 430 milliards d’euros et 100 000 personnes déplacées. Bof.. Mais voilà que le week-end dernier, le "JDD" publiait une autre estimation de 2007 -restée secrète- du même institut. La facture s’élèverait à 3 500 milliards, il faudrait évacuer 5 millions de personnes, les zones contaminées couvriraient 850 000 km2 -l’équivalent de la France et de l’Allemagne-, 90 millions de personnes seraient touchées… ?!?
Les scientifiques sont des guignols? Autant dire qu'ils n'en savent rien, pas plus que "nous". Depuis grand numéro de contorsionniste. L’IRSN reconnait avoir signé l'étude mais précise qu’il s’agissait juste d’une "analyse de sensibilité des conséquences économiques"?!? Et l’économiste d’expliquer avoir utilisé à l’époque "un code rudimentaire ne prévoyant qu’une seule météo" (sic) ?! Ça c'est du scientifique!
Leur patron intime pourtant aux responsables du nucléaire l’ardente obligation d’imaginer l’inimaginable et la ministre de l’écologie, Delphine Batho, vient de lui emboîter le pas en affirmant que "la meilleure sécurité c’est d’envisager l’inenvisageable". Mais cet épisode croquignolet le démontre : en matière de nucléaire, dès qu’on essaie d’imaginer l’inimaginable, on est tellement saisi d’effroi qu'on se contente d’imaginer l’imaginable, c’est plus rassurant.


Burki

mardi 28 août 2012

Fukushima, et si le pire restait à venir?



5000 Hiroshimas suspendus dans le vide à la merci
 d'un séisme -fréquents au Japon en cette période-

Un professeur à l'Institut de Recherche nucléaire universitaire de Kyoto, Hiraoki Koide propose, lui, la comparaison effrayante pour les Japonais. "Si le bassin du réacteur numéro 4 devait s'effondrer, assure-t-il, les émissions de matière radioactive seraient selon une estimation prudente équivalentes à 5 000 fois la bombe nucléaire de Hiroshima." A notre connaissance, personne ne l'a contredit.[...] (lien)

PETITION (lien)

mercredi 25 juillet 2012

Les autorités japonaises qui font les autruches


Dr Michel Fernex : "Les études scientifiques en cours montrent qu’il y a autant de dommages génétiques dans les secteurs contaminés de Fukushima que de Tchernobyl." 

De retour d’un voyage de dix jours au Japon, le Dr Michel Fernex dénonce mensonges et silences qui mettent en danger les populations contaminées par la catastrophe

J’ai pu rencontrer quatre professeurs d’université de Fukushima, cardiologie, urologie, médecine interne et ophtalmologie. Ils semblent tout ignorer des affections liées à la contamination, très surpris de voir apparaître chez des sujets jeunes des infarctus du myocarde, du diabète, des maladies des yeux. Je leur ai parlé des travaux du professeur Bandajevsky, de Gomel auprès des populations touchées par Tchernobyl qui ont mis en évidence les liens entre contamination, notamment par le Césium 137, et ces pathologies.

Ordre a été donné à l’université de ne pas parler de nucléaire. Seul un jeune professeur d’écologie tente des études sur les conséquences de la catastrophe et il subit des menaces. La majorité, disciplinée, ferme les yeux pour sauver sa carrière. Un pays aussi fort devrait approfondir les études sur les altérations génétiques induites par la contamination et développer des antimutagènes pour réduire les anomalies génétiques qui se transmettront de génération en génération.

Des maladies de la thyroïde apparaissent déjà, mais les cancers ont un temps de latence qui fait qu’ils ne séviront que dans 4 ans (les cancers du cerveau chez les enfants et plus tard chez les adultes). Le nombre de bébés de faible poids augmente. Le nombre de naissances de filles baisse de 5 % parce que l’embryon féminin est plus vulnérable. L’évolution des maladies du nouveau-né et du mongolisme est encore gardée secrète.

Des femmes réfugiées à Kyoto n’ont pas été informées des risques, ni des précautions à prendre et ne reçoivent pas de nourriture propre. A Fukushima, les gens restent enfermés dans les maisons, ne jardinent plus. La radioactivité est excessive, même dans les cours d’école décapées. Le gouvernement veut renvoyer des familles actuellement à l’abri des radiations dans leurs quartiers d’origine encore très pollués. Dans les campagnes, des petits paysans qui vivent en autarcie se nourrissent de riz contaminé qui n’est plus vendable. Les paysans sont ruinés. Ils auraient besoin de pectine pour bloquer l’absorption des radionucléides et accélérer leur élimination. L’expérience au Belarus montre que des cures de 3 semaines de pectine de pomme vitaminée permettent de diminuer la charge de césium, donc les dommages aux tissus. Elles peuvent être renouvelées tous les 3 mois et doivent s’accompagner de mesures de précaution dans le choix et la préparation de la nourriture pour protéger notamment les enfants. Les autorités japonaises n’ont pas fait ce travail d’information et de prévention. En revanche, la traduction en japonais du Petit guide pratique d’une radio-protection efficace, écrit par Vladimir Babenko, de l’Institut Belrad, a été très vendue au Japon.

Les leçons de Tchernobyl n’ont pas été entendues par les autorités, il n’a pas été distribué d’iode stable dans les 3 jours, une mesure de prévention simple pour éviter les maladies de la thyroïde, l’évacuation a été retardée comme à Tchernobyl. Au-delà de 30 km, il n’y a pas eu d’évacuation et les gens partis volontairement ne seront pas indemnisés. Les règles internationales de protection radiologique n’ont pas été respectées : les doses admissibles de radioactivité ont été rehaussées même pour les enfants pourtant cent fois plus sensibles aux rayonnements ionisants que les adultes. Les autorités soviétiques avaient refusé de franchir ces limites de doses mais les autorités japonaises l’ont accepté, sous l’influence du lobby de l’atome représenté par l’AIEA [Agence internationale de l’énergie atomique] venue sauver l’industrie nucléaire plutôt que les populations. Et l’OMS était complètement éteinte.

Le dosimètre donne une idée de l’irradiation externe, non de la charge en radionucléides artificiels dans l’organisme, dix fois plus pathogène. Il faudrait régulièrement mesurer cette contamination interne et conseiller les familles sur la façon de vivre, de manger, de s’habiller en zone contaminée. Ce n’est pas fait. C’est criminel.

Il y a quelques mois, suite à la lecture d’un article du journal japonais Mainichi Daily News, j’avais envoyé un long article pour répondre point par point à des affirmations que j’estime fausses. Ma réponse a été publiée en entier et a fait le buzz au Japon au point que des japonais, en particulier des associations de victimes, m’ont invité à faire une tournée de conférences. J’ai pu mesurer combien le lobby nucléaire est actif pour relancer les réacteurs alors que les victimes sont abandonnées.

Après l’accident atomique, Guide pratique d’une radio-protection efficace, par Vladimir Babenko, Éditions Tatamis. Les articles du Dr Fernex et de nombreux autres scientifiques sur le site internet : http://enfants-tchernobyl-belarus.org

samedi 21 juillet 2012

Une piscine de refroidissement qui menace de s'effondrer..



Si la piscine s’effondre le combustible éclate, chauffe et devient une source de monstrueuses radiations mortelles (10 fois la quantité de césium 137 relâché par Tchernobyl), des radiations tellement importantes et dangereuses qu’elles empêchent tout homme de s’approcher à moins d’un kilomètre donc de perfuser à l’eau froide les 3 coriums de la centrale. Livrés à eux même, ils dégagent des quantités hideuses de radiations (100 fois Tchernobyl) qui ont pour conséquences l’abandon de la centrale nucléaire et celle d’à côté, Fukushima Daini, qui a son tour dégage d’apocalyptiques radiations, etc... jusqu’à faire du Japon une terre inhabitable et du reste du monde une vaste décharge nucléaire.




 



mardi 10 juillet 2012

Un laitier de Fukushima


Un laitier de 54 ans habitait un village près de Fukushima avec sa femme philippine et ses deux fils. Sa famille était heureuse, il possédait 40 vaches et travaillait bien. Il avait construit un nouvel atelier pour gagner plus parce que ses enfants étaient très jeunes. Il avait préparé un nouveau cartable pour son fils et attendait la cérémonie d'entrée à l'école primaire en avril quand les fleurs de cerisiers s'épanouissent autour de la cour. Mais le 11 mars 2011 l’explosion à la centrale nucléaire de Fukushima suite au tsunami a dispersé le césium à travers les champs, montagnes et maisons. Le lait de ses vaches en contenait beaucoup car il les nourrissait avec l'herbe qu'il fauchait chaque matin et il a dû tout jeter chaque jour. Sa femme a fui aux Philippines avec leurs deux fils parce qu'ils étaient inquiets pour leur santé. Il est resté seul et a continué à travailler à Fukushima quelque temps. Enfin il a renoncé à traire ses vaches et a rejoint les siens aux Philippines mais il n'a pu y trouver du travail ; il est donc revenu à Fukushima seul en mai. Il n'a plus aucune vache, ni sa famille. Il a laissé ce message sur la planche d'un mur :"Si la centrale n'avait pas explosé, je ne me serais pas suicidé."

vendredi 15 juin 2012

Tchernobyl... et la suite.. Falouja. Avertissement, pas marrant à regarder..

Avertissement, pas marrant à regarder.. beware, not funny to watch this (link with the bilingual blog)..


Comme on peut voir, "on" est bien placés dans le Midi... Bon, on va pas s’emmerder pour quelques ploucs tout de même. Sur Tchernobyl: "On a entendu les sirènes, "ils" (l'armée) sont venus tout de suite et nous ont ordonnés (de force) de monter immédiatement dans des camions spéciaux (ils partaient à jamais mais cela ils l'ignoraient encore) en n'emportant rien.. et ont abattus nos animaux sous nos yeux". 
Cela pourrait arriver ici exactement de le même manière. Pensez-y, vous/nous qui arrangeons nos jolis petits jardins bio en ce beau printemps ensoleillé, qui décorons nos maisons aux volets bien repeints avec des pot de fleurs sur le balcon, qui soignons nos toutous et matous etc.. avec une belle attention...
As you can see, "we" are well placed in the South !... (Well, we will not piss us off for some few rednecks, as they surely are thinking about us!) Chernobyl, remember : "We heard the sirens, they (the army) came right away and ordered us (by force) to climb immediately in special trucks to leave our houses (.. forever but we did not knew that yet)... with nothing as affairs.. and they slaughtered our animals before our eyes."

It could happen here in exactly in the same way. Think about it, you/us who arrange our pretty little gardens
(bio!) in this beautiful sunny spring, who decorate our houses with painted shutters and flower pot on our balcony, who care for our doggies and kitties.. with all our love and so on...
 
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Les enfants de Falouja.. Question : quelles armes ont été utilisées en Irak? et par qui ? Pas forcément les américains, Hussein, le gazeur de Kurdes à Halabja (lien) a fort bien pu lancer quelques produits inidentifiés sur son propre peuple. Falouja's childrens.. Question : what kind of weapons were used in Irak? And by who? Not necessarily by americans : Saddam Hussein, who had gazed 5000 Kurdes (link with "Hallabja") could very well have sent some unknow product against his own people..  (Link with "agoraxox") ? 

mercredi 28 décembre 2011

Nos généraux spécialistes à milliards des questions de sécurité n'y ont pas pensé, c'est bête..

Il est un argument jamais invoqué : nous avons dépensé des milliards depuis la seconde guerre mondiale pour nous protéger d’une attaque nucléaire. La doctrine de dissuasion estimait que si nous étions en mesure de rayer de la carte un pays, cela dissuaderait d’éventuels agresseurs de nous vitrifier. Or, pendant que nos militaires échafaudent de savants plans simulant une attaque extérieure, nous tolérons des centrales qui pourraient causer des dégâts que même nos pires ennemis du moment seraient incapables de générer. Nous prenons le risque de voir l’intégralité de notre territoire rayé de la carte en cas d’accident et ce pendant des générations.  L’énergie nucléaire heurte de plein fouet l’idée de sauvegarde de notre territoire assénée pendant des années par des généraux étoilés. Soucieux donc de l’intérêt militaire de la France, les Etats Majors devraient donc recommander une sortie du nucléaire d’urgence pour maîtriser la sûreté de notre territoire.. voire demander que soient jugés les dirigeants du Lobby Nucléaire pour mise en danger de l’intégrité du territoire nationale. Au moment où Greenpeace démontre le manque de sécurité de nos installations nucléaires, ces responsables, indignes de leurs responsabilités se montrent incapables de protéger les citoyens contre un accident nucléaire provoqué par une intrusion kamikaze. Fukushima et ses conséquences ont bien montré que le nucléaire est TOUJOURS faillible. Si l’on a mis du temps à découvrir les conséquences liées à Tchernobyl (rats géants, cancers de la thyroïde,etc.), on n’a pas fini d’entrevoir les conséquences de la catastrophe nippone que le gouvernement japonais s’obstine à cacher. Question : la France -comme le Japon- pourraient-ils supporter un Fukushima hexagonal (lien) ? Non. 

lundi 14 novembre 2011

Un fait jusqu'à présent inouï, jamais vu dans l'histoire en temps de paix

Dans certains quartiers de Tokyo, les rayonnements radioactifs dépassent ceux de la zone d’exclusion de Tchernobyl. La nécessité d’évacuer certaines parties de la capitale tentaculaire de 35 millions d’habitants qui semblait encore hier inconcevable est aujourd’hui probable. Ce projet d’évacuation d’une grande partie des tokyoïtes est étudié dans le plus grand secret sur le mode de "comment faire vite et bien?". Comme le Japon Times le rapporte aujourd’hui, le gouvernement japonais a commencé à discuter de la nécessité d’évacuer le Japon et juste après le séisme: Dans les jours qui ont suivi l’explosion du réacteur nucléaire n°1, le gouvernement a reçu un rapport disant que 30 millions d’habitants dans la zone métropolitaine de Tokyo aurait dû être évacués. L’ancien Premier ministre Naoto Kan a révélé : "Ce fut un moment crucial où je n’étais pas sûr que le Japon pouvait continuer à fonctionner comme un État." Après le séisme du 11 Mars et le tsunami qui a paralysé l’usine, Kan a instruit plusieurs évaluations dont certaines révélaient que toute personne résidant de 200 à 250 km de l’usine – une zone qui engloberait la moitié à l’ensemble de Tokyo – aurait être évacuée.

samedi 20 août 2011

Le 21 août 2011, après un mois d'autruchisme (la Somalie, DSK etc.)

Article de Guy de Halleux

La sous-information de la population par les médias accompagne l’inertie de l’action internationale face au désastre de Fukushima.

Nos médias traditionnels, journaux, radios, chaînes de télévision, à de rares exceptions près comme France-Inter, RFI, Sciences et avenir, ne nous informent pas de l’évolution de la situation à la centrale de Fukushima. Dès lors, il est difficile de se faire une idée précise de l’étendue du désastre…

La situation à la centrale de Fukushima ou "Tout va très bien, madame la Marquise…mais il faut que l’on vous dise juste un tout petit rien !"
La situation s’aggrave  de jour en jour à la centrale… Le 6 juin, on peut résumer la situation ainsi : les réacteurs 1, 2 et trois ont complètement fusionné et les cuves sont poreuses au point de laisser passer le corium (lave nucléaire) au travers. Ceci est déjà en soi, trois fois l’accident le plus grave qui puisse arriver dans un réacteur nucléaire, et au même endroit. La radioactivité augmente au point d’atteindre une vapeur d’eau dégagée de 4 sieverts/heure ! En plus, les sous-sols des trois réacteurs contiennent à ce jour plus de 100.000 tonnes d’eau radioactive. Jamais une eau aussi radioactive n’a existé. Les sous-sols sont tellement pleins qu’il ne reste plus que 27 cm dans le bâtiment du réacteur 1 pour qu’elle ne déborde ! Et la saison des moussons au japon débute fin du mois, en principe.

Tepco annonce qu’ils espèrent commencer à pomper l’eau ce 20 juin., le temps de mettre en place les cuves de stockage, entre-autre …

Par ailleurs, le bâtiment du réacteur N° 4 a été fortement endommagé par l’explosion de la piscine du réacteur N°3 et par des incendies à la piscine à combustible, aujourd’hui, très fortement endommagée, qui contient des centaines de crayons à combustible neufs et usagés dont certains contiennent du MOX (combustible à base de plutonium produit par AREVA) ! De plus, le bâtiment est dangereusement penché et menace de s’écrouler. Selon Arnie Gundersen, un des plus grands experts américain du nucléaire, si le bâtiment s’écroulait, la population de Tokyo devrait fuir leur ville… Tepco espère finir les travaux de consolidation de la structure à la fin juillet, enfin si tout va bien… D’ici là, il nous faut mettre un cierge à Saint-Antoine pour espérer ne pas subir une bonne réplique de 6 ou qu’un typhon ne passe pas par là, ou qu’une explosion n’ébranle pas le bâtiment….

Enfin, et ceci n’est pas rassurant, la radioactivité augmentant dans plusieurs réacteurs et à leurs abords, les travailleurs sont exposés à de très fortes doses d’irradiation, à tel point que des lieux, il y a quelques jours encore accessibles, ne le sont plus. Ils essayent d’utiliser des robots mais qui sont loin d’être efficients. J’en veux pour preuve l’explosion survenue à une canalisation de gaz, près du bâtiment du N°4 (le pauvre n’en avait pas besoin) au début de ce mois…

Tchernobyl a lâché dans l’atmosphère une radiation équivalente à 5,2 millions de terabecquerels, Fukushima en a relâché la première semaine 770.000 ! Combien 12 semaines plus tard ?

La situation concernant la contamination au Japon et ailleurs dans l’hémisphère nord…ou "Est-ce bien certain que c’est grave, docteur ?"
 
Au Japon, la contamination approche son 90ème jour de déversement quotidien de radioactivité dans l’atmosphère et dans l’océan ainsi que sur les sols. Des niveaux sans cesse plus importants défilent sous nos yeux ébahis. La zone d’exclusion de 20 puis de 30 kms est insuffisante…   A Fukushima, les femmes demandent au gouvernement, à défaut de pouvoir déplacer les 300.000 habitants, d’éloigner les enfants… Les cultures sont touchées au-delà de Tokyo qui est à 280 km au sud-ouest de la centrale. La neige des montagnes à l’ouest et au nord-ouest de la centrale est fortement contaminée. Le Japon réagit en élevant les taux de contamination légaux tant pour les travailleurs que pour la population et les aliments… A défaut de contrôler la centrale qui est devenue presque totalement hors de contrôle !

Hawaï est touchée à plusieurs milliers de kilomètres de là…Le lait des vaches est contaminée entre 400 et 2400 fois le niveau légal. L’union agricole du coin prescrit de donner du bore aux vaches !!! Ce qui, évidemment ne sert à rien ! Acte surréaliste de désespoir. 

La Californie était touchée début avril. Le lait contenait les 4 et 5 avril, 26 fois plus d’iodine-31 que le seuil normal. Début juin, on apprenait la contamination de l’eau au césium 137 venant de Fukushima au Deleware, un petit état du nord-est des Etats-Unis…

Il est étrange à ce propos de voir le NILU (institut atmosphérique norvégien ) arrêter son accès public de ses projections cartographiques dans l’atmosphère des nucléides radioactifs, en date du 9 mai 2011. L’institut météorologique du Japon les a arrêtées fin mai stipulant que l’AIEA ne les lui demandait plus ! Quant à l’EPA (Environmental Protection Agency), chargé des relevés des taux de radioactivité aux USA, elle a arrêté de faire des communiqués quotidiens au début mai, se contentant d’un communiqué mensuel discret… Des informations accessibles pendant deux mois deviennent confidentielles.

 
Et comment nos médias couvrent-ils le désastre ? ou "Y a-t-il une presse libre dans la salle ?"
 
Pendant 11 jours, Fukushima et ses explosions ainsi que les dégâts du tsunami suivant le big one firent la une de tous les journaux et télévisions de la planète… le 12 ème jour, le Japon s’effaçait au profit de la guerre en Lybie. Puis, les informations sont devenues de plus en plus lapidaires et anecdotiques. Les populations endormies par les autres nouvelles du monde, perdent la conscience du désastre qui s’amplifie…

Le 12 mai, Tepco annonce la fusion totale du réacteur 1 et une dizaine de jours plus tard la fusion des 2 et 3. On apprend dans la foulée que les réacteurs étaient en fusion totale endéans les trois jours après le 11 mars 2011 ! 

Nos médias se sont tus presque tous jusqu’au 24 mai pour annoncer les trois plus graves accidents de l’histoire du nucléaire…Et leurs annonces furent souvent succinctes ou surréalistes. Aucune analyse critique digne de ce nom pendant des semaines… Surtout ne pas susciter la panique et l’inquiétude du vulgum pecus semble avoir été le mot d’ordre. Relevons toutefois le courage et le sérieux de Dominique Leglu de Sciences et Avenir ainsi que France inter et RFI, pour la France ou La Dernière Heure en Belgique, qui fut la première et pratiquement seule à annoncer au pays du temps suspendu, la fusion totale du réacteur N°1 en date du 13 mai 2011 [depuis, d'autres médias ont consacré un article à la fusion des réacteurs NDLR].

Aujourd’hui, force est de constater la faillite de l’information traditionnelle qui souvent ne répercute que les communiqués de Tepco…et quand on sait combien a menti cette société en deux mois, on peut se poser des questions sur le fonctionnement de la presse aujourd’hui qui faillit à son devoir démocratique d’information transparente vis-à-vis de la population.

Ceci est inacceptable. C’est pourquoi, nous nous devons agir afin d’obtenir une information la plus transparente , documentée et investiguée…. 

Un désastre qui met directement en péril la civilisation japonaise et le temps passant, empoisonnant l’hémisphère nord à des degrés divers non négligeables ne peut être traité de la sorte. Le déni et l’indifférence sont la pire des réponses pour affronter le défi qui est aujourd’hui posé à l’humanité.

Quand la communauté internationale joue l’autruche hypocrite ou "Ils se débrouillent très bien seuls les japonais, tu sais… "

Et les états, et les nations unies et l’AIEA…Que font-ils ? Et bien, figurez-vous que le G8, réuni à Deauville nous a fait un très mauvais film qui se termine par un hypocrite communiqué faisant confiance au Japon pour résoudre la crise.

L’AIEA est arrivée au Japon juste quelques jours après les révélations de Tepco sur la situation, levant au passage partiellement le voile sur quelques mensonges ou omissions inavouables et inavoués pendant plus de deux mois ! Et bien figurez-vous que l’AIEA félicite le Japon pour son action après l’accident disant simplement que les risques avaient été minimisés et sous-évalués… et qu’il faudra tirer les enseignements de l’accident pour améliorer la sécurité des centrales nucléaires…

Ces réactions sont choquantes dans la mesure où la situation s’aggrave et les moyens mis par les japonais qui avouent que la maîtrise des réacteurs prendrait au moins un an, paraissent dérisoires…. Nombre d’experts disent, par ailleurs, que le désastre pourrait prendre de nombreuses années pendant lesquelles notre planète s’empoisonnera au fil du temps

Allons-nous accepter cela sans réagir et sans réclamer que la communauté internationale relève le défi et déclare la guerre aux nuisances de Fukushima ?  Une guerre qui exige de mettre tout en œuvre pour vaincre, un état qui nécessite une véritable action concertée où tous les moyens sont sollicités et employés pour sauver l’humanité d’une mutilation inacceptable à son intégrité déjà tellement affectée !

C’est pourquoi nous demandons que les gouvernements des nations faisant partie des nations unies, prennent l’initiative de la création d’une "cellule internationale d’intervention" composée des meilleurs scientifiques et bénéficiant de tous les moyens technologiques existants sur la planète! Et cela le plus rapidement possible…

Que pouvons-nous faire ou "Si on sauvait notre destin… "
 
Des citoyens ont déjà créé des chaînes d’information par le biais des sites de liens sociaux et divers blogs…Ils vont chercher l’information sur de multiples sites japonais, américains, français et se la partage ! Mais il est urgent que l’ensemble de la population soit mise au courant et chacun de nous peut y contribuer…

Comment ?

 
- Soit contacter un média de votre choix par mail ou par téléphone, afin de leur demander d’informer la population de manière transparente, régulière et étayée sur la situation au Japon. Cela donne des résultats ! (cfr article : Vendredi 13 à Fukushima…).
Faîtes-le avec votre conviction,…Vous vous étonnerez et vivrez une expérience intéressante, sans aucun doute ! Si nous nous disons le mot et créons une chaîne, ils réagiront !

-Soit de parrainer un parlementaire, c'est-à-dire d’en choisir une ou un par mail ou téléphone si vous le souhaitez. Vous lui faîtes état de la situation, lui donnez les informations qui vous paraissent importantes et vous lui demandez s’il ou elle compte demander au gouvernement qu’il prenne une initiative en vue d’aboutir à la mise en place d’une structure d’intervention internationale à Fukushima sous l’égide des Nations Unies !

Rien ne vous empêche de faire les deux 
Nous vous laissons, ci-dessous, des liens de sites sérieux qui vous permettront d’avoir des références sur la situation.

Guy de Halleux


mercredi 29 juin 2011

Les vidéos de heleneclaude sur Dailymotion

mardi 10 mai 2011

Lorsque le seuil de tolérance d'un poison à effet lent est dépassé et qu'on n'y peut rien... que faire ? C'est simple, on le relève ! D'un facteur 20 ! Et hop !

Grand guignol et "scientifisme" 
ou qu'est ce qu'un "seuil de tolérance" ?

Dépêche de l’AFP vendredi 29 avril. 



 Une scène surréaliste (lien) qui aura au moins le mérite de mettre en lumière la notion extrêmement ambiguë et opportuniste de "seuil de tolérance" : le professeur Toshiso Kosako, en larmes, démissionne de son poste d'expert car dit-il, le gouvernement, se fondant sur d'autres  "experts " (!) envisage un relèvement du taux admissible de radioactivité dans les écoles, sur les aires de jeux etc...  tenez-vous bien, de 1 mSv/an à 20 mSv/an soit 20 fois plus… taux annuel admis pour les professionnels du nucléaire en France. (1 mSv est la dose d’irradiation reçue en moyenne lors d’examens médicaux par la population française chaque année.) Selon M. Kosako, ce sont des mesures fantaisistes liées simplement aux circonstances de la catastrophe. Une voiture roule avec le voyant rouge indiquant une surchauffe ?... c'est simple, on casse le voyant comme ça tout le monde est tranquille. (Note : je croyais que les japonais ne pleuraient jamais, encore une idée fausse.)


De fait, les chiffres doivent donner lieu des calculs approximatifs : ainsi, le 27 avril selon la chaîne publique japonaise reprenant des données du JAIF (Japan Atomic industrial forum), il était évoqué des " niveaux de radiations, dans certaines écoles, supérieurs aux limites édictées par le gouvernement central de 3,8 microsieverts par heure " (2). Une petite multiplication et on obtient 33 millisieverts, 33 fois la dose admissible, une paille…  par rapport aux 20 millisieverts qui ont bouleversé M. Kosako. De plus, une phrase sibylline de Kyodo news (3) interroge :  " des sources ont révélé que le système japonais chargé de recueillir les données, lors d’un accident nucléaire, sur le volume de radioactivité n’avait pas fonctionné le 11 mars suite au séisme et au tsunami, par manque de courant  ". On se demande donc ce qui a bien pu être mesuré sur le terrain, en termes de radioactivité dans les premières heures voire premiers jours de la catastrophe. Si ce n’est par des unités mobiles, des voitures équipées de systèmes de mesure portatifs.

Aujourd’hui, deux mois et demi après le début de la catastrophe, de la fumée blanche continue à être émise par les réacteurs 2 et 3. Autrement dit de la vapeur contenant certainement de la radioactivité. Rappelons que, comme le note l’AIEA, les cuves contenant les cœurs de ces deux réacteurs sont à pression atmosphérique c’est-à-dire que l’intérieur est en équilibre avec l’extérieur via des fissures ou des valves (ou tuyaux) ouverts. On ne doit pas pouvoir s’en approcher pour l’instant. En revanche, selon TEPCO (!) sur le réacteur n°1, l’installation d’un tuyau (certainement avec filtre) de façon à améliorer l’environnement de travail dans le bâtiment réacteur a commencé.  Autour de l’unité n°4, dont le bâtiment a été ravagé par une explosion hydrogène dans la piscine de combustible usagé, un camion automatique équipé de chenilles et d’une benne basculante à répandu ce 2 mai un inhibiteur de poussières. Un gel fixateur et assez recouvrant pour protéger des radiations ? Cela n’est pas précisé. 

Le Premier Ministre japonais se trouve en très mauvaise posture. Le Parlement, a voté ce lundi un budget d’urgence de 49 milliards de dollars, pour la reconstruction des zones dévastées.

1)    ICRP www.icrp.org
2)    Dans ces écoles, il est actuellement procédé à un décapage du sol, qui est ensuite mis sous des bâches pour diminuer la radioactivité ambiante. Consulter http://www.jaif.or.jp/english/news_images/pdf/ENGNEWS01_1...

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Et ce n'est pas tout !

De l’uranium de Fukushima en Californie ?

Il y a une semaine a été annoncé par la Low level radiation campaign (LLRC (3) que de l’uranium issu de Fukushima a été détecté en Californie après analyse des données recueillies par l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA).
La LLRC explique que des niveaux élevés d’uranium ont été trouvés dans les filtres de l’EPA dans le Pacifique nord, et qu’elle a réanalysé des données récentes publiées sur le site RADNET de l’EPA pour les Iles Marianne (à 2800 km au sud de Fukushima), Hawaï, la Californie et Seattle (pièce jointe sur le site de la LLRC). Cette reprise des données sur un graphe permet de voir clairement la baisse des niveaux (mesurés en nanobecquerels [milliardièmes de becquerels] par m3) quand on s’éloigne du Japon, en passant par les îles, puis à Hawaï, enfin à Seattle et en Californie (où les mesures dépassent tout juste le bruit de fond)... d’où l’anomalie d'avoir trouvé des niveaux élevés d'uranium dans le Pacifique nord... et l'inquiétude selon laquelle le Japon est bien plus fortement contaminé ( "comme nous l’avons prédit ". ) Et la LLRC d’insister : Il est extrêmement préoccupant qu’aucune donnée concernant uranium et plutonium n’ait été publiée par les autorités du pays.
De son côté, l’ingénieur nucléaire Arnie Gundersen – sur une vidéo postée le 26 avril – mentionne lui aussi que du plutonium a été retrouvé en poudre fine ainsi que de l’américium [un produit de fission] en Nouvelle Angleterre (nord-est des Etats-Unis), ces remarques survenant à l’occasion d’une nouvelle analyse de ce qui s’est passé depuis le 14 mars : l’explosion phénoménale de l’unité 3. Comment une telle explosion (très verticale et puissante, emportant des débris et des éléments très sombres, explosion très différente de celle de l’unité n°1) a-t-elle pu se produire : le cœur du réacteur était-il à l’air ? (accident majeur). Il émet une hypothèse : une première et violente réaction à l’hydrogène venue des dégagements dans le réacteur n°3 aurait provoqué une onde de choc ébranlant les combustibles dans la piscine n°3 : sa structure bouleversée, il aurait alors eu une réaction nucléaire prompte qu’on pourrait comparer à une sorte de micro-explosion nucléaire avec pour résultat principal la désagrégation de morceaux de combustible et l’envoi dans l’atmosphère de toutes sortes d’aérosols contenant des produits de fission, certains ayant ensuite voyagé par delà le Pacifique.
Sur le site de l’université de Berkeley, à la question "Le site du llrc est-il exact ?" certains contestent que les uranium (234 et 238) détectés en Californie viennent forcément de Fukushima, évoquant la possibilité qu’ils émanent de certaines centrales à charbon chinoises ou de tornades de poussière renvoyant dans l’atmosphère des particules issues des essais nucléaires militaires… la seule vraie preuve serait la détection de plutonium (car cet élément n’existe pas naturellement) jusqu’aux Etats-Unis.

Secret et corruption
Le secret à présent, omniprésent, et ses causes. Un article particulièrement virulent du New York Times (8) dénonce la corruption pratiquée par TEPCO envers les politiciens japonais (4 personnalités officielles ayant rang de ministre sont devenues vice-présidents de la compagnie) et la collusion entre agence de sûreté, opérateurs et politiques depuis des décennies.
L’opérateur de Fukushima Daiichi annonce ses nouvelles évaluations : le réacteur 1 aurait fondu à 55%, le n°2 à 35% et le n°3 à 30%. Quant aux mesures de plutonium sur des échantillons près de la centrale, elles sont de l’ordre de 0,2 Bq/kg (9).


3)      http://www.llrc.org/index.html. Cette organisation a été lancée par Christopher Busby, scientifique britannique connu pour ses positions très actives – et controversées- contre les dangers des très faibles doses de radioactivité.
5)      Selon l’AIEA (agence internationale pour l’énergie atomique), ce 27 avril, "de la fumée blanche continue d’être émise par les unités 2 et 3" et "70 000 tonnes d’eau de très haut niveau de radioactivité continuent de stagner dans le sous-sol des bâtiments turbine des unités 1,2 et 3". http://www.iaea.org/newscenter/news/tsunamiupdate01.html
6)      Aucune analyse nouvelle sur le sujet n’a ainsi été publiée par l’IRSN depuis le 20 avril.
7)      Voici ce qu’il dit sur sa vidéo :  " A plausible reason is that a hydrogen acute reaction started which then caused the shock wave which started to move and distort the nuclear fuel. The distorsion of the nuclear fuel in the pool creates a prompt nuclear reaction which then blows the rubble out of the pool up in the plume and creates the energy needed to create a dramatic event that we are seeing at Fukushima unit 3. "
9)      http://www.tepco.co.jp/en/press/corp-com/release/11042711-e.html


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20.04.2011

FUKUSHIMA (suite 33) L'inquiétude de scientifiques français

EN ANGLAIS http://deciphering-fukushima.blogs.sciencesetavenir.fr/


Mercredi 20 avril. C’est un « appel [aux scientifiques]» que nous avons reçu aujourd’hui à Sciences et Avenir et avons décidé de publier sur le site du magazine (1). Il vient de M. Harry Bernas, spécialiste des effets d’irradiation dans les matériaux et ancien directeur d’un laboratoire CNRS de physique nucléaire. « Où sont les scientifiques ? » s’interroge-t-il. « Après Three Mile Island et Tchernobyl, Fukushima symbolise un véritable changement pour l’avenir de l’humanité, et exige que les scientifiques dépassent le rôle d’experts pour devenir acteurs dans le débat public » estime ainsi M. Bernas (qui nous a confié avoir également envoyé son texte aux Etats-Unis, recueilli les signatures de deux confrères, Russe et Letton et être en attente de deux autres, Américain et Allemand pour cette version anglaise) Il appelle les spécialistes à réagir : « Sans arrogance et avec leurs concitoyens, il est grand temps pour eux de s’exprimer massivement et partager les responsabilités des décisions sociétales. »

De fait, de nombreux scientifiques nous ont adressé des mails au cours de ces dernières semaines, nous confiant parfois leur désarroi et se disant « bouleversés » par la tragédie du séisme suivi du tsunami, puis par la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima, depuis le 11 mars. L’un d’eux nous écrivait aussi : « Je pense qu'il faut remettre les scientifiques (les vrais spécialistes des domaines concernés au cas par cas) au centre du contrôle et de la gestion des nouvelles technologies, évidemment avec une transparence totale  et en coopération avec les politiques ». C’étaient des échanges privés qui montraient de fortes interrogations, les physiciens ayant été « échaudés » à plusieurs reprises et de façon violente. Jadis, par le nucléaire militaire avec les deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki – Robert Oppenheimer, le chef du projet Manhattan (de fabrication de la bombe par les Etats-Unis) en avait déclaré : « Les physiciens ont connu le péché ». On sait aussi qu’après la deuxième guerre mondiale, était né le mouvement Pugwash (1), qui s’interrogeait sur les dangers des technologies, et tout particulièrement lors de la course aux armements pendant la guerre froide. Plus récemment, ce furent, pour le nucléaire civil, l’accident de Three Mile Island (1979) aux Etats-Unis puis la catastrophe de Tchernobyl (1986) en Ukraine, dont on « célèbre » aujourd’hui les 25 ans - les responsables politiques s’efforçant de réunir plus de 700 millions nécessaires à la construction d’un nouveau sarcophage.
Cet appel arrive alors qu’un article pour le moins surprenant vient de paraître sur le site du journal de référence scientifique Nature (3), une interview de M. Laurent Stricker, ingénieur nucléaire et ancien directeur de centrale, conseiller de l’opérateur français EDF et aujourd’hui président de la WANO (association mondiale des opérateurs nucléaires). On sait l’importance de cette association basée à Londres, créée en 1989 après la catastrophe de Tchernobyl, et qui s’est déjà interrogée sur  la négligence dans certaines centrales, mettant en péril la pérennité de l’industrie nucléaire mondiale [lire aussi le blog du 28 mars (1)]. A la dernière question de l’interview demandant si l’énergie nucléaire prendrait fin au cas où un autre accident majeur aurait lieu, M. Stricker répond tout de go : Je le crains. Comme nous le constatons avec Fukushima, un accident dans un pays a des conséquences pour tous les opérateurs, partout ailleurs.

POUR TOUS LES OPERATEURS ? Et pour TOUT le monde ? No coment ! 




2)   Ce mouvement qui a obtenu le prix Nobel en 1995, avec son cofondateur Sir Joseph Rotblat, s’est donné pour mission (notamment à travers les conférences Pugwash) d’apporter des éléments scientifiques et réflexions éthiques approfondis pour s’interroger sur les menaces que peuvent créer la science et la technologie. Et tout particulièrement la menace des armes nucléaires, auxquelles le fameux manifeste Russell-Einstein de 1955 demandait de renoncer. Lire aussi blog du 28 mars : http://sciencepourvousetmoi.blogs.sciencesetavenir.fr/arc...