mercredi 25 juillet 2012

Les autorités japonaises qui font les autruches


Dr Michel Fernex : "Les études scientifiques en cours montrent qu’il y a autant de dommages génétiques dans les secteurs contaminés de Fukushima que de Tchernobyl." 

De retour d’un voyage de dix jours au Japon, le Dr Michel Fernex dénonce mensonges et silences qui mettent en danger les populations contaminées par la catastrophe

J’ai pu rencontrer quatre professeurs d’université de Fukushima, cardiologie, urologie, médecine interne et ophtalmologie. Ils semblent tout ignorer des affections liées à la contamination, très surpris de voir apparaître chez des sujets jeunes des infarctus du myocarde, du diabète, des maladies des yeux. Je leur ai parlé des travaux du professeur Bandajevsky, de Gomel auprès des populations touchées par Tchernobyl qui ont mis en évidence les liens entre contamination, notamment par le Césium 137, et ces pathologies.

Ordre a été donné à l’université de ne pas parler de nucléaire. Seul un jeune professeur d’écologie tente des études sur les conséquences de la catastrophe et il subit des menaces. La majorité, disciplinée, ferme les yeux pour sauver sa carrière. Un pays aussi fort devrait approfondir les études sur les altérations génétiques induites par la contamination et développer des antimutagènes pour réduire les anomalies génétiques qui se transmettront de génération en génération.

Des maladies de la thyroïde apparaissent déjà, mais les cancers ont un temps de latence qui fait qu’ils ne séviront que dans 4 ans (les cancers du cerveau chez les enfants et plus tard chez les adultes). Le nombre de bébés de faible poids augmente. Le nombre de naissances de filles baisse de 5 % parce que l’embryon féminin est plus vulnérable. L’évolution des maladies du nouveau-né et du mongolisme est encore gardée secrète.

Des femmes réfugiées à Kyoto n’ont pas été informées des risques, ni des précautions à prendre et ne reçoivent pas de nourriture propre. A Fukushima, les gens restent enfermés dans les maisons, ne jardinent plus. La radioactivité est excessive, même dans les cours d’école décapées. Le gouvernement veut renvoyer des familles actuellement à l’abri des radiations dans leurs quartiers d’origine encore très pollués. Dans les campagnes, des petits paysans qui vivent en autarcie se nourrissent de riz contaminé qui n’est plus vendable. Les paysans sont ruinés. Ils auraient besoin de pectine pour bloquer l’absorption des radionucléides et accélérer leur élimination. L’expérience au Belarus montre que des cures de 3 semaines de pectine de pomme vitaminée permettent de diminuer la charge de césium, donc les dommages aux tissus. Elles peuvent être renouvelées tous les 3 mois et doivent s’accompagner de mesures de précaution dans le choix et la préparation de la nourriture pour protéger notamment les enfants. Les autorités japonaises n’ont pas fait ce travail d’information et de prévention. En revanche, la traduction en japonais du Petit guide pratique d’une radio-protection efficace, écrit par Vladimir Babenko, de l’Institut Belrad, a été très vendue au Japon.

Les leçons de Tchernobyl n’ont pas été entendues par les autorités, il n’a pas été distribué d’iode stable dans les 3 jours, une mesure de prévention simple pour éviter les maladies de la thyroïde, l’évacuation a été retardée comme à Tchernobyl. Au-delà de 30 km, il n’y a pas eu d’évacuation et les gens partis volontairement ne seront pas indemnisés. Les règles internationales de protection radiologique n’ont pas été respectées : les doses admissibles de radioactivité ont été rehaussées même pour les enfants pourtant cent fois plus sensibles aux rayonnements ionisants que les adultes. Les autorités soviétiques avaient refusé de franchir ces limites de doses mais les autorités japonaises l’ont accepté, sous l’influence du lobby de l’atome représenté par l’AIEA [Agence internationale de l’énergie atomique] venue sauver l’industrie nucléaire plutôt que les populations. Et l’OMS était complètement éteinte.

Le dosimètre donne une idée de l’irradiation externe, non de la charge en radionucléides artificiels dans l’organisme, dix fois plus pathogène. Il faudrait régulièrement mesurer cette contamination interne et conseiller les familles sur la façon de vivre, de manger, de s’habiller en zone contaminée. Ce n’est pas fait. C’est criminel.

Il y a quelques mois, suite à la lecture d’un article du journal japonais Mainichi Daily News, j’avais envoyé un long article pour répondre point par point à des affirmations que j’estime fausses. Ma réponse a été publiée en entier et a fait le buzz au Japon au point que des japonais, en particulier des associations de victimes, m’ont invité à faire une tournée de conférences. J’ai pu mesurer combien le lobby nucléaire est actif pour relancer les réacteurs alors que les victimes sont abandonnées.

Après l’accident atomique, Guide pratique d’une radio-protection efficace, par Vladimir Babenko, Éditions Tatamis. Les articles du Dr Fernex et de nombreux autres scientifiques sur le site internet : http://enfants-tchernobyl-belarus.org

samedi 21 juillet 2012

Une piscine de refroidissement qui menace de s'effondrer..



Si la piscine s’effondre le combustible éclate, chauffe et devient une source de monstrueuses radiations mortelles (10 fois la quantité de césium 137 relâché par Tchernobyl), des radiations tellement importantes et dangereuses qu’elles empêchent tout homme de s’approcher à moins d’un kilomètre donc de perfuser à l’eau froide les 3 coriums de la centrale. Livrés à eux même, ils dégagent des quantités hideuses de radiations (100 fois Tchernobyl) qui ont pour conséquences l’abandon de la centrale nucléaire et celle d’à côté, Fukushima Daini, qui a son tour dégage d’apocalyptiques radiations, etc... jusqu’à faire du Japon une terre inhabitable et du reste du monde une vaste décharge nucléaire.




 



mardi 10 juillet 2012

Un laitier de Fukushima


Un laitier de 54 ans habitait un village près de Fukushima avec sa femme philippine et ses deux fils. Sa famille était heureuse, il possédait 40 vaches et travaillait bien. Il avait construit un nouvel atelier pour gagner plus parce que ses enfants étaient très jeunes. Il avait préparé un nouveau cartable pour son fils et attendait la cérémonie d'entrée à l'école primaire en avril quand les fleurs de cerisiers s'épanouissent autour de la cour. Mais le 11 mars 2011 l’explosion à la centrale nucléaire de Fukushima suite au tsunami a dispersé le césium à travers les champs, montagnes et maisons. Le lait de ses vaches en contenait beaucoup car il les nourrissait avec l'herbe qu'il fauchait chaque matin et il a dû tout jeter chaque jour. Sa femme a fui aux Philippines avec leurs deux fils parce qu'ils étaient inquiets pour leur santé. Il est resté seul et a continué à travailler à Fukushima quelque temps. Enfin il a renoncé à traire ses vaches et a rejoint les siens aux Philippines mais il n'a pu y trouver du travail ; il est donc revenu à Fukushima seul en mai. Il n'a plus aucune vache, ni sa famille. Il a laissé ce message sur la planche d'un mur :"Si la centrale n'avait pas explosé, je ne me serais pas suicidé."